Par Julien Marion



Paris (Agefi-Dow Jones)--Evénement sportif majeur par essence, la coupe du monde de football déchaîne les passions. Les économistes et analystes des banques ne font pas figure d'exception, plusieurs d'entre eux s'adonnant au jeu des pronostics. Ils utilisent dans cette optique les outils statistiques de leur quotidien.



"De nombreux modèles existent dans le monde financier, certaines banques utilisant des outils d'économétrie pour savoir quelle équipe peut passer les phases de groupe ou pour déterminer le vainqueur. S'ils sont bien calibrés, ces modèles peuvent présenter des degrés de fiabilité relativement élevés, sans être jamais sûr à 100%, la part d'aléa dans le sport étant forte", souligne Charles Lepetit, économiste du sport et responsable des études économiques du Centre de droit et d'économie du sport de Limoges.



Les leçons des footballeurs aux investisseurs



Jeudi 17 mai, UBS a donné le coup d'envoi, à l'occasion de la publication d'un rapport spécial sur la coupe du monde 2018, qui débutera le 14 juin prochain en Russie. N'en déplaise aux supporteurs tricolores, les économistes de la banque helvétique ne donnent pas les Bleus, dont la composition de l'équipe a été annoncée jeudi soir par le sélectionneur Didier Deschamps, favoris. Ce statut revient au tenant du titre, l'Allemagne, UBS calculant une probabilité de victoire de 24% pour la Mannschaft. Suivent le Brésil (19,8%), l'Espagne (16,1%), l'Angleterre (8,5%) -- pourtant réputée pour ne jamais être à la hauteur des attentes lors des grandes compétitions -- et enfin la France (7,3%).



Pour arriver à ces résultats, les économistes d'UBS ont configuré un modèle statistique en utilisant les résultats des cinq précédentes coupes du monde, auquel ils ont rajouté un "bonus" pour la Russie afin de tenir compte du fait qu'elle a l'avantage de jouer à domicile. Ils ont également eu recours à un instrument appelé simulation de Monte-Carlo - utilisée notamment en Finance pour valoriser des produits dérivés- de sorte a obtenir les résultats d'environ 10.000 scénarios pour la coupe du monde. Les économistes d'UBS lancent au passage une mise en garde fort courante dans le monde de la finance : "en football aussi les performances passées ne garantissent pas les futurs résultats".



Ces mêmes économistes notent d'ailleurs que les investisseurs peuvent tirer certains enseignements des équipes de football les plus performantes. Elles savent par exemple s'adapter à leur adversaire, ou à un fait de jeu, comme une blessure ou une expulsion. "Les investisseurs font face à des défis similaires", écrivent-ils en donnant comme exemple la politique monétaire dont les outils ont énormément évolué au cours des dix dernières années poussant les investisseurs à faire preuve d'agilité.



Un poulpe bat Goldman Sachs



Outre UBS, Goldman Sachs est aussi coutumier de ces prévisions, avec plus ou moins de succès. La banque américaine, qui utilise une méthodologie proche de celle d'UBS, n'a pas encore publié ses pronostics pour la prochaine édition. Lors de la coupe du monde 2014, elle voyait le Brésil grimper sur la plus haute marche du podium. Malheureusement pour les auriverde, leur parcours s'était arrêté en demi-finale, avec une déroute (7-1) face à l'Allemagne. La même année, Le Wall Street Journal avait ironisé sur la démarche de la banque en écrivant que, lors de la coupe du monde 2010, le taux de prévisions exactes de Goldman Sachs avait été inférieur à celui... d'un poulpe. Lors d'un match, deux boîtes de nourritures aux couleurs de chacune des équipes étaient placées dans l'aquarium du céphalopode, appelé "Paul". La première boîte ouverte par le poulpe était considérée comme étant l'équipe gagnante. Résultat: sur 14 matchs, Paul avait vu juste 12 fois.



Les prévisionnistes peuvent parfois lier leurs travaux à l'actualité économique. En 2012, dans une étude qu'ils qualifaient eux-mêmes de "semi-sérieuse", les économistes de la banque néerlandaise ABN Amro jugeaient, alors que la crise des dettes souveraines battait son pleine en zone euro, qu'une victoire de la France était "le meilleur résultat possible" pour éviter que cette crise ne se propage davantage, "la crise de la zone euro étant avant tout une crise de confiance". Il tablait néanmoins sur une victoire, plus probable, de l'Allemagne. Le vainqueur fut finalement l'un des pays les plus touchés par cette crise : l'Espagne.



-Julien Marion, Agefi-DowJones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence Agefi-Dow Jones.



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May 18, 2018 03:41 ET (07:41 GMT)




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