Les groupes hôteliers internationaux se pressent à la porte de l'Iran
September 15 2015 - 6:02AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Alors que le groupe français AccorHotels a annoncé lundi être le
premier groupe hôtelier international à s'implanter en Iran depuis
l'accord historique du 14 juillet, les gros acteurs de secteur ne
cachent pas leur appétit pour ce pays aux infrastructures
obsolètes, où il y a tout à faire.
Abandonné par les Occidentaux depuis la révolution islamique de
1979, le parc hôtelier iranien souffre d'un besoin criant
d'établissements et d'un important déficit en investissements.
Si le secteur a survécu tant bien que mal aux sanctions
internationales, à Téhéran, qui compte près de 9 millions
d'habitants, "moins de 100 hôtels peuvent se prévaloir d'avoir des
normes internationales", remarque Jean-Jacques Dessors, directeur
général chargé de la Méditerranée, du Moyen-Orient et de l'Afrique
au sein du groupe AccorHotels.
"Ce sont en général des ex-Sheraton, des ex-Hyatt qui ont subi
l'outrage du temps", souligne-t-il.
Le numéro un européen, qui s'intéresse de longue date au pays et
vient de nommer un directeur général dédié au marché iranien,
compte y implanter l'ensemble de ses marques, de l'économique
jusqu'au luxe. Outre la signature d'un contrat de gestion pour deux
hôtels Novotel (296 chambres) et Ibis (196 chambres) à l'aéroport
de Téhéran, le groupe est en discussion pour ouvrir un Sofitel et
un Pullman dans le centre-ville de la capitale.
Signe du potentiel, le taux d'occupation des hôtels téhéranais est
passé de 58% en 2013 à 79% en 2014, alors que le pays était encore
en négociations sur son programme nucléaire.
"L'Iran aligne tous les clignotants pour une très belle réussite
hôtelière et touristique. C'est un marché de conquête qui peut
aller vite en développement et devenir assez rapidement rentable",
analyse Gwenola Donet, directrice France du cabinet JLL Hotels
& Hospitality.
Outre la taille de la population - rès de 80 millions d'habitants
-, l'existence d'une classe moyenne qui va "recommencer à
consommer" et de structures administratives constituent selon elle
un "socle pérenne" de développement.
La clientèle d'affaires représente déjà un marché en plein
développement. A plus long terme, les groupes hôteliers misent sur
un boom du tourisme, une fois les sanctions levées, compte tenu
notamment de la richesse du patrimoine archéologique. Le pays
prévoit ainsi d'accueillir 20 millions de touristes étrangers d'ici
à 2025.
- 'Course au plus rapide' -
Les projets ne se limitent pas aux grandes villes, point de départ
de la stratégie de développement d'AccorHotels, ni aux zones
franches, comme l'île de Kish. Selon la lettre d'information
Touriscopie, la province du Golestan, au sud de la mer Caspienne,
fait état de la création de dix nouveaux hôtels, et "sur tout le
territoire, une douzaine de groupes hôteliers internationaux sont
sur les rangs pour construire de nouvelles unités".
InterContinental, Hyatt, Hilton et Starwood étudient de nouvelles
créations, la plupart du temps sans investir dans les murs mais en
s'associant avec des entreprises du BTP pour minimiser les risques.
"Il va y avoir une course au plus rapide", prédit Gwenola
Donet.
Pourtant, de nombreuses incertitudes subsistent quant à l'avenir.
Fin juillet, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait jugé
utile de mettre en garde les groupes français contre toute
"précipitation". L'Iran n'est pas à l'abri de soubresauts
diplomatiques susceptibles de faire replonger le pays dans le cycle
des sanctions.
Par ailleurs, tant que ces dernières ne sont pas levées, les
transactions bancaires avec l'étranger restent impossibles. "Il n'y
a quasiment pas de canaux financiers existants avec l'Iran en ce
moment", reconnaît un représentant du Medef International, qui se
rendra en Iran avec 130 entreprises françaises du 21 au 23
septembre.
La compétition s'annonce rude, prévient en outre Vanguelis
Panayotis, directeur du développement au cabinet MKG : "Même s'il y
a beaucoup d'enthousiasme, le temps des sorties de projet sera
probablement assez long et la concurrence difficile, notamment avec
les Chinois qui entretiennent d'excellentes relations commerciales
avec l'Iran".
Enfin, si les potentialités du tourisme sont importantes, le
respect des coutumes locales, comme le fait pour les femmes de
devoir couvrir leur tête en public, pourrait constituer un
frein.
Dans tous les cas, les acteurs français du tourisme et de
l'hôtellerie ont leur carte à jouer, notamment parce que "certaines
entreprises sont restées lors des moments les plus durs des
sanctions", rappelle Gwenola Donet. "Il y a un "terreau
favorable".
(END) Dow Jones Newswires
September 15, 2015 05:42 ET (09:42 GMT)
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