La réduction de la participation de l'Etat dans Aéroports de Paris (ADP.FR) annoncée jeudi n'entraînera pas à ce stade de véritable reconfiguration du secteur aéroportuaire français. Mais le groupe de BTP Vinci (DG.FR) ne devrait pas manquer d'avancer ses pions, comme il le fait depuis plusieurs années, dans l'espoir de voir le processus engagé aboutir un jour à une privatisation en bonne et due forme.



Le premier groupe français de construction et de concessions, qui a racheté en début d'année le concessionnaire aéroportuaire portugais ANA pour 3,1 milliards d'euros, n'a pas encore fait part de ses intentions quant à la vente de 10% du capital d'ADP par l'Etat et le Fonds stratégique d'investissement. Mais depuis qu'il a acquis 3,3% du capital de l'exploitant de Roissy CDG et d'Orly en 2008, Vinci ne fait pas mystère de son souhait de monter au capital en cas de désengagement de l'Etat, actuellement détenteur de 60,1% des parts.



Vinci en position de challenger



Déterminé à réaliser des acquisitions dans le secteur et disposant de ressources financières importantes, Vinci semble avoir toutes les chances de capter une partie des actions mises en vente dans le cadre de ce placement privé. Mais la présentation de l'opération par l'Etat et les indications fournies par les banquiers qui le conseillent laissent penser que des investisseurs tels que des fonds de pension et des fonds d'investissement seront privilégiés.



Selon le courtier Kepler Cheuvreux, les actions ADP devraient par ailleurs être cédées autour du cours actuel de 70 euros. Et dans la perspective d'une poursuite du désengagement de l'Etat - qui nécessiterait de modifier la loi - "les termes annoncés hier indiquent qu'il ne sera pas facile pour Vinci de mettre la main sur ADP à un prix intéressant", estime Josep Pujal, analyste chez Kepler Cheuvreux. Le but du gouvernement est manifestement de maximiser la valeur de sa participation, plutôt que de chercher à structurer un nouvel opérateur aéroportuaire, souligne l'analyste.



Stratégie des petits pas



Pour autant, ces obstacles ont peu de chances de faire dévier Vinci de sa stratégie, déjà mise en oeuvre avec succès au Portugal dans l'attente de l'ouverture du capital de plusieurs aéroports régionaux français. Pas plus d'ailleurs que la perspective de conflits d'intérêt potentiels, ADP et Vinci se trouvant régulièrement en compétition lors d'appels d'offres internationaux comme lors de la cession d'un bloc du capital du turc TAV Airports en 2012.



Dans l'immédiat, un investissement dans ADP - aux cours actuels - semble défendable, malgré les faibles perspectives de croissance du trafic à court terme. Morgan Stanley a relevé vendredi sa recommandation sur l'exploitant aéroportuaire à "surpondérer" avec un objectif de cours de 79 euros, en soulignant les fondamentaux solides du groupe sur le long terme.



Mais en montant au capital d'ADP, Vinci gagnerait surtout une position susceptible de devenir incontournable le jour où l'Etat accepterait de privatiser. Sa présence au tour de table, et sa représentation éventuelle au conseil, viendraient également s'ajouter au crédit du groupe, dont l'expertise en matière aéroportuaire se trouverait renforçée.



En tout état de cause, le groupe de BTP semble avoir peu de chances de capter plus de quelques pourcents d'ADP. Le gain obtenu n'en serait pas moins réel. Il doit être considéré comme un premier pas pour un groupe dont les horizons d'investissement et les options stratégiques se déploient généralement sur plusieurs décennies.



-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

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