L'Etat, en quête de fonds pour renflouer ses caisses, pourrait trancher dès la semaine prochaine dans le dossier de la privatisation de l'aéroport de Toulouse convoité par des poids lourds du secteur, français et étrangers.



"L'Agence des participations de l'Etat (APE, chargée d'examiner les offres) devrait rendre sa décision rapidement après la date butoir" pour la remise des offres, fixée à vendredi, estiment plusieurs sources proches du dossier, évoquant la fin de la semaine prochaine ou le début de la suivante.



L'Etat détient aujourd'hui 60% du capital de Toulouse-Blagnac, aux côtés de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse qui en a 25%, et des collectivités territoriales (région Midi-Pyrénées, département de Haute-Garonne, communauté urbaine de Toulouse Métropole), 5% chacune.



Il compte céder immédiatement jusqu'à 49,99% du capital, une participation assortie d'une option de vente pour le solde.



"Des offres initiales avaient été déposées le 15 septembre, les candidats sont donc déjà connus et a priori, l'Etat a envie d'aller vite", soulignent ces mêmes sources ayant requis l'anonymat.



Rien ne filtrait pourtant du côté de l'APE à la veille de la clôture du dépôt des offres.



Si le montant de l'opération est incertain - les sources proches évoquent des sommes allant de 150 à plus de 300 millions d'euros -, les principaux candidats sont désormais connus, à commencer par les groupes Aéroports de Paris (ADP) et Vinci.



ADP, gestionnaire de Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly, a déposé une offre avec l'assureur Predica (Groupe Crédit Agricole). Son PDG, Augustin de Romanet, a lui-même exprimé à plusieurs reprises son intérêt pour cette plateforme implantée dans une région dynamique forte de trois pôles d'activité reconnus: l'aéronautique avec Airbus, l'agroalimentaire, et la recherche médicale axée sur la lutte contre le cancer.



Vinci a, lui, présenté une offre en partenariat avec CDC Infrastructure (filiale de la Caisse des dépôts) et EDF Invest.



Déjà gestionnaire de dix aéroports en France, sa filiale Vinci Airports aimerait s'ancrer davantage dans le paysage aéroportuaire français avec la gestion d'une plateforme importante.



Toulouse-Blagnac, 4e aéroport de province, a accueilli 7,56 millions de passagers en 2013. Excepté en 2009, le trafic y est en augmentation depuis 2003.



- Un groupe canadien bien placé -



Vinci peut faire valoir son expertise et sa connaissance du terrain. Il se présente en outre comme un partenaire de long terme, capable d'apporter les financements nécessaires pour accompagner les évolutions de cette infrastructure.



Parmi les candidats étrangers, le canadien SNC-Lavalin fait figure de favori, selon plusieurs observateurs du dossier.



Ce groupe d'ingénierie et de construction a présenté une offre conjointe avec deux partenaires chinois.



"La candidature est portée par SNC-Lavalin et des partenaires chinois, un acteur industriel et acteur financier", a ajouté une source proche du dossier.



SNC-Lavalin peut se targuer d'une bonne connaissance des partenaires locaux et de l'environnement, le groupe gère en effet 16 aéroports français. Il a surtout remporté en juin la gestion et l'exploitation de l'aéroport de Toulouse Francazal pour développer des activités dédiées à l'aviation d'affaires, à la défense et aux activités aéro-industrielles. Un projet pour lequel il est associé à l'aéroport de Toulouse-Blagnac et à la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse.



"Cette candidature prend parfaitement en compte les intérêts d'Airbus", insiste par ailleurs la source proche du dossier, alors que des craintes pour l'avionneur se sont exprimées courant octobre.



Le risque qu'Airbus, gros utilisateur d'une des pistes de l'aéroport pour ses essais, subisse une importante majoration des redevances, a enfiévré le monde politique toulousain en octobre.



Finalement, l'avionneur a obtenu une extension de la convention d'autorisation d'occupation temporaire, accordée jusqu'en 2078, au lieu de 2043.



Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute-Garonne, et Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, à la tête de collectivités représentant 40% du capital, ont quant à eux rappelé récemment leur "exigence de voir pris en compte les intérêts économiques majeurs liés à l'aéroport, et les garanties apportées au personnel".



Lors de l'annonce de la cession de ses parts en juillet, l'Etat avait affirmé que l'ouverture du capital ne compromettrait pas l'avenir économique de l'aéroport ni les exigences de service public.

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