Guillaume Bayre,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le choix du gouvernement français d'abandonner le projet de transfert de l'aéroport de Nantes sur la commune de Notre-Dame-des-Landes n'a pas manqué de susciter une cascade de réactions, plus ou moins sincères, au sein du microcosme politique. Par contraste, les marchés financiers sont restés de marbre à l'annonce du Premier ministre mercredi après-midi. Vinci (DG.FR), désigné attributaire du contrat du nouvel aéroport au début de la décennie, a terminé la séance sur un repli insignifiant de 0,14%, en ligne avec un déclin de 0,36% de l'indice phare.





Jusqu'ici, pas de perspectives concrètes à valoriser





Faute de perspectives claires, le marché n'avait pas tout simplement pas intégré le projet Notre-Dame-des-Landes dans la valorisation du géant français des travaux publics et des concessions. Essentiellement, parce qu'en dehors du chiffrage du coût envisagé aucun "business plan" n'a jamais été présenté, note Eric Lemarié, analyste chez Bryan Garnier. Le cours de Vinci n'intégrait donc ni les investissements liés au démarrage du chantier ni les hypothétiques cash-flows à venir.



Compte tenu de l'inaction des précédents gouvernements, voilà des années que chacun avait pris acte du blocage pur et simple de la situation, ne laissant guère d'illusions à Vinci quant à la matérialité de l'accord signé en 2010, en principe pour 55 ans, et libre de tout recours depuis 2012.





Le choix de tourner la page





L'arbitrage rendu par Edouard Philippe, en choisissant de développer l'actuel aéroport nantais plutôt que d'en construire un nouveau, permet enfin de sortir le dossier de l'impasse, ce qui ne peut que bénéficier à toutes les parties prenantes. Eric Lemarié considère que la décision du gouvernement "offre enfin à Vinci une opportunité d'avancer : le scénario le plus probable serait de renégocier le contrat de concession de façon à prendre en compte les investissements à réaliser sur l'aéroport existant, et tourner la page". Réitérant son avis neutre sur Vinci en Bourse, dans la mesure où il estime la juste valeur du titre à 80 euros - un peu en deçà du cours actuel - Bryan Garnier considère cependant que le groupe dispose d'arguments solides pour négocier un amendement au contrat de concession de Nantes-Atlantique, opéré via sa filiale à 85% Aéroports du Grand Ouest.





L'indemnisation reste à définir





Une éventuelle indemnisation en faveur de Vinci du fait de la résiliation du contrat Notre-Dame-des-Landes reste en suspens. Le groupe s'est dit à la disposition du gouvernement pour tirer au clair les modalités de l'arrêt du projet, son PDG Xavier Huillard précisant que le gouvernement l'avait assuré ne pas chercher de clauses permettant de priver l'entreprise d'indemnités. Pour autant, Vinci s'est bien gardé de réclamer quelque montant à ce stade. Comme tout contrat de ce type, l'accord prévoit bel et bien une compensation, en partie assise sur l'actualisation des cash-flows attendus, explique l'analyste de Bryan Garnier. Mais la formule retenue ne permet pas de la calculer directement, précise-t-il.





Le tropisme tricolore de Vinci





Tout porte donc à croire que les conditions financières de l'abandon du projet de nouvel aéroport dépendront essentiellement de négociations entre Vinci et la puissance publique, en fonction aussi des besoins de mise à niveau de l'aéroport actuel. D'une façon ou d'une autre, le groupe est beaucoup trop dépendant de l'économie française pour faire valoir des exigences démesurées. En 2016, Vinci réalisait encore 59% de son chiffre d'affaires en France. En outre, il tire la plus grande part de ses bénéfices de sa branche concession : 70% des profits, pour seulement 16,5% des revenus. Fatalement, le concessionnaire ne peut envisager de relations conflictuelles avec l'Etat qui risqueraient d'influencer cette activité rémunératrice, liée à l'exploitation d'infrastructures publiques ou semi-publiques : aéroports, ouvrages d'art, lignes ferroviaires et bien sûr autoroutes.





La privatisation d'ADP en ligne de mire





Ceci d'autant moins que l'Etat français soupèse actuellement l'opportunité de céder sa participation dans Aéroports de Paris (ADP.FR). Selon Deutsche Bank, l'intégration d'ADP porterait la contribution des aéroports à 30% de l'excédent brut d'exploitation du groupe, contre 12% actuellement. Une telle transaction constituerait une utilisation intéressante de la trésorerie amassée par Vinci, estime la banque allemande, qui note que l'opération aurait un effet relutif immédiat sur le bénéfice par action.



"S'il y a une opportunité sur ADP, on essaiera de jouer un rôle", avait reconnu cet été Xavier Huillard, se disant intéressé par l'intégralité du capital du groupe, contre une participation limitée à 8% aujourd'hui. Avec un tel enjeu, Vinci ne peut que maintenir une attitude constructive vis-à-vis de l'Etat.



Après la décision d'abandonner "NDDL", le réalisme devrait continuer à prévaloir.





-Guillaume Bayre, Agefi-Dow Jones ; 01 41 27 47 93 ; gbayre@agefi.fr ; ed : ECH





(END) Dow Jones Newswires



January 18, 2018 09:48 ET (14:48 GMT)




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