PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le SBF 120 a clôturé mardi sur une baisse
de 0,1%, à 4.703,82 points. Conclue en territoire négatif, cette
dernière séance de l'année ne reflète toutefois pas la tendance
graphique observée tout au long de 2019. Depuis le 1er janvier, le
SBF 120 a bondi de 25,2% pour inscrire fin décembre un nouveau
record historique, principalement soutenu comme tous les grands
indices mondiaux par le ton accommodant adopté au fil des mois par
les principales banques centrales.
La reprise des rachats d'actifs annoncée en septembre par la Banque
centrale européenne et les trois baisses de taux décidées par la
Réserve fédérale depuis juillet ont renforcé l'attractivité des
actions alors que le rendement des obligations reste proche de
zéro. La promesse de la signature imminente d'un accord commercial
préliminaire entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que la fin des
errances britanniques concernant le Brexit, ont également aidé les
marchés européens et américains à atteindre de nouveaux records en
cette fin d'année.
Dans ce contexte favorable, également marqué par une meilleure
résistance de la croissance dans plusieurs économies développées,
80% des actions du SBF 120 ont terminé dans le vert en 2019 et plus
d'un tiers des membres de l'indice ont progressé de plus de 30%.
Les valeurs figurant dans le palmarès des plus importantes hausses
et celui des plus fortes baisses du SBF 120 en 2019 seront
particulièrement suivies par les investisseurs l'an prochain.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT REALISE LES MEILLEURS PARCOURS EN
2019:
CGG (+150,4%) a signé la plus forte hausse du SBF 120 en 2019,
après plusieurs années de dégringolade boursière et de résultats en
berne qui avaient conduit l'entreprise au bord de la cessation de
paiement. La restructuration de la dette du groupe en 2018 et son
recentrage sur les activités les moins gourmandes en capital - CGG
a par exemple cédé en juin la propriété de ses cinq navires
d'acquisition sismique au norvégien Shearwater GeoServices - ont
permis de restaurer la confiance des investisseurs. Surtout, le
groupe de services à l'industrie pétrolière a bénéficié de la
reprise des investissements dans l'exploration-production au cours
de l'année écoulée. Il devrait générer un flux de trésorerie
disponible positif en 2019, une première depuis 2012. Il lui faudra
confirmer au cours des prochains trimestres l'amélioration de cet
indicateur malgré la volatilité du prix du baril.
Virbac (+107,8%) a profité de son retour dans le SBF 120 le 23
septembre pour accélérer son ascension et signer la deuxième
meilleure performance de l'indice en 2019. L'accélération de la
croissance du chiffre d'affaires au troisième trimestre et deux
relèvements successifs des perspectives ont servi de catalyseurs.
Le groupe se dirige vers son neuvième trimestre consécutif de
croissance à taux de change constants, le quatrième avec une
croissance organique supérieure à 5%. Virbac "sort définitivement
d'une phase de redressement pour tracer des perspectives de
croissance, plus solides, à court et moyen terme", a souligné Oddo
BHF. Pour 2020, le groupe anticipe une croissance à taux de change
constants compris entre 4% et 6% et une marge opérationnelle
courante avant amortissement des actifs issus d'acquisitions en
hausse d'environ 0,5 point par rapport à 2019. L'objectif est
d'atteindre une marge opérationnelle courante ajustée de 15% en
2022, contre 10,1% en 2018.
Altran Technologies (+102,1%) a redressé la barre après avoir perdu
près de 40% en 2018. L'action du groupe de conseil en ingénierie a
été soutenue par de bons résultats annuels 2018, avant de voir son
cours de Bourse s'aligner sur l'offre d'achat amicale de Capgemini,
à 14 euros par action, en juin. Ce prix a été vivement contesté par
Elliott. Le fonds activiste a acheté des actions et des produits
dérivés représentant autour de 14% du capital d'Altran à fin
décembre, et a multiplié les pressions pour que Capgemini relève
son offre. Paul Hermelin, le PDG du groupe de services numériques,
s'est montré inflexible et a prévenu que si l'OPA échouait,
Capgemini ferait "autre chose". La balle est désormais dans le camp
des actionnaires qui ont jusqu'au 22 janvier pour apporter leurs
titres, sachant que Capgemini a besoin de 50,1% du capital pour
réussir l'opération. Oddo BHF, qui recommande aux porteurs d'Altran
d'apporter leurs titres à l'offre, juge que le succès de l'OPA de
Capgemini reste l'issue la plus probable de ce grand feuilleton. En
parallèle, à la suite d'un recours déposé par l'Association de
défense des actionnaires minoritaires, la cour d'appel de Paris a
jusqu'au 24 mars pour se prononcer sur la conformité de cette OPA.
Dans le cas où le verdict serait négatif, Capgemini s'est engagé à
relancer une offre purgée des éventuelles irrégularités constatées
par la cour.
Ingenico (+95,4%) a regagné du crédit auprès des investisseurs
après un exercice 2018 où son cours de Bourse a été divisé par près
de deux. Le plan stratégique présenté en avril par le nouveau
directeur général, Nicolas Huss, a convaincu le marché et les
résultats ont, trimestre après trimestre, dépassé les attentes. Ce
qui a permis au spécialiste des terminaux et des solutions de
paiement de relever par deux fois ses objectifs 2019. Néanmoins, le
groupe sera pénalisé par une base de comparaison élevée en 2020,
prévient Morgan Stanley. La banque considère que la croissance
devrait en conséquence ralentir et empêcher la valeur de poursuivre
son ascension. Le potentiel du titre, qui évolue désormais en ligne
avec l'objectif de cours moyen des analystes sondés par FactSet de
97,4 euros, paraît donc limité.
STMicroelectronics (+92%) s'est distingué en 2019 dans un secteur
connaissant des tendances contrastées selon les produits et aux
prises avec des turbulences liées aux tensions commerciales. Le
groupe a vu son chiffre d'affaires accélérer aux deuxième et
troisième trimestres et pourrait enregistrer une croissance de 10%
en 2020, selon les analystes de Credit Suisse, dont l'essentiel
proviendrait de nouveaux contrats engrangés dans l'industrie et
l'automobile notamment. Les objectifs de croissance et de
rentabilité à moyen terme dévoilés au mois de mai par le fabricant
de semi-conducteurs franco-italien ont par ailleurs été bien
accueillis.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT ACCUSE LES PLUS FORTS REPLIS EN
2019:
Europcar Mobility Group (-44,9%) a été plombé par un retentissant
avertissement sur résultats en octobre. Le troisième trimestre,
période qui compte pour près de 80% des résultats financiers
d'Europcar, s'est avéré largement inférieur aux attentes de la
direction, en raison notamment des incertitudes liées aux Brexit.
En conséquence, Europcar a drastiquement réduit son objectif de
résultat opérationnel ajusté pour 2019 et le titre a dévissé de 37%
sur une seule séance. Caroline Parot, la présidente du directoire,
a promis de rectifier le tir l'an prochain en adaptant les
ambitions du groupe à la conjoncture dégradée. La dirigeante devra
présenter des objectifs 2020 convaincants en mars, lors de la
publication des résultats annuels, pour retrouver la confiance des
investisseurs. Par ailleurs, le principal actionnaire d'Europcar,
la société d'investissement Eurazeo, mène une revue stratégique qui
pourrait l'amener à céder tout ou partie de sa participation de
29,9%. Ce qui réduit un peu plus la visibilité déjà limitée sur le
titre.
Bic (-30,5%) a encore été pénalisé par la faiblesse de ses marchés
en 2019, en particulier aux Etats-Unis où ses ventes ont reculé de
6,8% sur les neuf premiers mois. Au début octobre, le fabricant de
briquets, rasoirs ainsi que d'articles de papeterie a dû revoir ses
ambitions à la baisse et table sur une nouvelle érosion de sa
rentabilité sur l'ensemble de l'année. "La dégradation du chiffre
d'affaires et de la marge opérationnelle en Briquets limite la
visibilité sur un rebond durable des résultats", a commenté Oddo
BHF lors des derniers résultats trimestriels. Pour rallumer la
flamme, Bic devra poursuivre, voire approfondir, en 2020 son plan
stratégique, qui prévoit 20 millions d'euros d'économies d'ici à
2022 ainsi qu'une accélération des lancements de nouveaux
produits.
Ipsen (-30%) a pris froid fin 2019. Le 6 décembre, son titre s'est
effondré de 13,6% après que le laboratoire pharmaceutique a dû
procéder à la suspension clinique partielle pour raison de sécurité
de deux études sur le palovarotène, un traitement expérimental
chronique de pathologies osseuses d'origine génétique. Une dizaine
de jours après cette décision prononcée par l'autorité sanitaire
américaine, Ipsen a subi un deuxième choc: l'annonce de la
démission de son directeur général, David Meek, a provoqué une
chute de 4,1% de son cours de Bourse le 18 décembre. Le dirigeant
quittera le conseil d'administration mardi pour rejoindre FerGene,
en qualité de PDG. "Il sera difficile d'investir dans Ipsen à court
terme", juge Bryan Garnier, étant donné les incertitudes entourant
le palovarotène, qui est censé prendre le relais du Somatuline
comme contributeur important aux résultats du groupe. Selon un
autre analyste, "le départ de David Meek n'a pas d'impact direct
sur la continuité des activités d'Ipsen à court terme, bien qu'une
telle démission constitue un mauvais signal". Charge au laboratoire
de dénicher un nouveau directeur général qui plaît aux
investisseurs, pour retrouver un peu de hauteur en Bourse.
EDF (-28,1%) s'est retrouvé sous pression en 2019, suite à une
série de déboires liés à son parc nucléaire. De nouveaux retards
sur le chantier du premier réacteur français de troisième
génération à Flamanville ont reporté son démarrage à la fin 2022,
tandis que la facture de la construction de deux réacteurs
nucléaires à Hinkley Point C au Royaume-Uni s'est alourdie. La
prolongation d'arrêts programmés pour maintenance ainsi que la
fermeture temporaire de la centrale nucléaire de Cruas ont conduit
EDF à abaisser par deux fois ses prévisions de production nucléaire
pour 2029. EDF a néanmoins maintenu ses objectifs financiers pour
2019, une confirmation jugée "positive" par les analystes d'Octo
Finances. Pour les experts d'Oddo BHF, EDF devrait même connaître
en 2020 une "forte reprise de ses résultats", grâce à un retour à
la normale de la production hydroélectrique en France, à la forte
croissance de la production nucléaire au Royaume-Uni et à la hausse
des tarifs réglementés de l'électricité dans l'Hexagone. En outre,
la réorganisation attendue de l'électricien pourrait "débloquer une
partie de la valeur profonde que nous voyons dans le titre",
estiment les analystes de JPMorgan Cazenove. Le projet de
réorganisation Hercule, devant être présenté en 2020, devrait
prévoir la scission du groupe en deux entreprises, une maison mère
baptisée "EDF bleu" comprenant le nucléaire, les barrages et le
transport de l'électricité, et une structure appelée "EDF vert" qui
regrouperait notamment la distribution et l'activité EDF
Renouvelables.
SES (-25,2%) a souffert en 2019 de la décision du régulateur
américain des télécommunications de passer par un appel d'offres
public pour libérer les fréquences de la bande C, afin d'assurer le
déploiement de la 5G aux Etats-Unis. SES et consorts militaient au
contraire pour une approche de marché, consistant à négocier
directement auprès des opérateurs télécoms le montant des
indemnités qu'ils doivent toucher au titre de leurs investissements
passés et des opérations qui seront effectuées pour libérer les
fréquences. Mais la monétisation de la bande C pourrait être
retardée par le processus d'enchères publiques. Le régulateur
assure vouloir lancer les enchères avant la fin 2020, quand SES se
dit prêt à y participer dès le premier trimestre 2020. Le recours à
des enchères publiques aura aussi pour conséquence une généreuse
redistribution du produit de la vente des fréquences au Trésor
américain. Alors que SES et ses concurrents présents sur la bande C
espéraient pouvoir se partager une trentaine de milliards de
dollars de revenus, cette manne financière sera bien moindre une
fois retraitée de leur contribution volontaire au Trésor. Ces
craintes ne justifient toutefois pas la faiblesse du cours de
l'action: la Bourse valorise SES comme si la société n'allait pas
retirer un seul centime de la vente de ses fréquences de la bande
C. "Cette source de revenus est plus incertaine en matière de
montant et de calendrier mais elle n'est en aucun cas égale à
zéro", assure Société Générale.
-Dimitri Delmond, Alice Doré, Julien Marion, François Schott et
François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH - LBO
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December 31, 2019 08:58 ET (13:58 GMT)
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