François Schott,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--Le plan de transformation du nouveau PDG de Carrefour, dévoilé mardi, fixe des orientations stratégiques prometteuses, mais certains objectifs opérationnels semblent ambitieux et les moyens de les atteindre incertains.



Alexandre Bompard a réussi son grand oral, si l'on en juge par la réaction du titre, qui bondit de 6% dans la foulée de la présentation de de ce plan, sobrement baptisé "Carrefour 2022". En annonçant des investissements massifs dans le digital - 2,8 milliards d'euros sur cinq ans-, une réduction des coûts tout aussi spectaculaire et un partenariat avec le groupe chinois Tencent, le PDG a "coché toutes les cases", s'enthousiasme le courtier Bernstein.



Mais le PDG s'est aussi montré avare en détails, notamment sur la façon dont il compte faire économiser au groupe 2 milliards de coûts fixes à compter de 2020, ou sur les tenants et aboutissants de son partenariat en Chine. Concentré sur sa vision à moyen terme, Alexandre Bompard n'a rien dit de ses objectifs pour l'année en cours après un exercice 2017 que le groupe a lui-même qualifié de "difficile", marqué par un fort ralentissement de sa croissance en France comme à l'international et par une chute de 15% de son résultat opérationnel.





Un objectif de réduction de coûts ambitieux





L'objectif qui semble réjouir le plus les investisseurs est la baisse promise des coûts fixes. Le programme d'économies reposera sur trois axes principaux. Les achats seront optimisés grâce à une réduction de 10% de l'éventail de produits proposés et une renégociation des contrats à l'échelle de tout le groupe. Les coûts de logistique seront revus en baisse. Et les "coûts de structure" seront réduits à travers la suppression de 2.400 postes en France et la restructuration des fonctions administratives.



Cette dernière mesure, largement commentée y compris par le gouvernement, qui s'est dit "vigilant" quant au futur plan de départ volontaires, ne permettra quoiqu'il en soit d'atteindre qu'une petite partie de l'objectif, de l'aveu même de Carrefour. Quant à la réorganisation du réseau logistique, elle est déjà bien avancée, en France et en Chine, au travers notamment du plan Caravelle mis en place par la précédente direction. Ce plan aurait permis à Carrefour d'économiser 350 millions d'euros par an dans la chaîne d'approvisionnement, selon Kepler Chevreux. Le potentiel de gain sur ce poste semble désormais limité.



L'essentiel des économies reposera donc sur la renégociation par le groupe de ses contrats d'achat avec ses fournisseurs, ce qui ne va pas de soi compte tenu de la faible dynamique des ventes, notamment en France. Le groupe mise sur sa force de frappe à l'international pour amener les marques à faire davantage d'efforts mais il n'est pas certain que celles-ci jouent le jeu.





Un pari chinois ambigu





L'autre "ambition" d'Alexandre Bompard concerne la Chine. Carrefour y noue un partenariat stratégique avec le géant Internet Tencent. En entrant dans la galaxie WeChat, le réseau social de Tencent au milliard d'utilisateurs, Carrefour entend donner un coup de fouet à ses ventes en ligne, notamment dans l'alimentaire, et bâtir une vraie stratégie digitale exploitant les données de ses clients. Tencent de son côté pourra proposer ses services de paiement et de crédit aux clients de Carrefour. Mais le distributeur tricolore n'est pas tout seul sur ce créneau, déjà bien occupé par ses concurrents tels que Wall Mart, Auchan et Tesco, en partenariat avec des acteurs locaux.



En outre, ce partenariat ne règle pas la question de l'avenir de la filiale chinoise de Carrefour. Alexandre Bompard a beau louer les "perspectives formidables" du marché chinois, il est prêt à ouvrir le capital de sa filiale locale à de nouveaux actionnaires, en l'occurrence Tencent et le distributeur Yonghui. Le protocole d'accord signé entre les trois entreprises prévoit des prises participation minoritaires de la part de Tencent et Yonghui. "Si ce n'est pas un désengagement, c'est une façon pour Carrefour de se désensibiliser au marché chinois", souligne un analyste.





Avec quelques annonces fortes, Alexandre Bompard a réussi à attirer à nouveau l'attention des investisseurs sur Carrefour. En tenant compte de la hausse du jour, l'action a pratiquement effacé le choc de l'avertissement sur bénéfices lancé fin août, un mois après l'arrivée du nouveau PDG. L'enjeu réside désormais dans la rapidité d'exécution du plan de transformation et dans les précisions que le groupe pourra apporter sur son avancée. Alors que les analystes attendent un résultat opérationnel globalement stable en 2018, le groupe ne devra pas abuser de la patience du marché.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: TVA





(END) Dow Jones Newswires



January 23, 2018 11:22 ET (16:22 GMT)




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