Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le menu d'Elior éveille l'appétit du marché. Le groupe de restauration collective a publié mercredi ses résultats annuels et communiqué des objectifs à la fois pour l'exercice en cours, clos en septembre 2022, et pour le moyen terme.



Qualifiées à l'unisson "d'ambitieuses" par les analystes, les cibles à moyen-terme concentrent l'attention de la communauté financière. Après une hausse d'au moins 18% en 2021-2022, Elior entend enregistrer une croissance organique supérieure ou égale à 7% sur les deux exercices suivants. Le groupe compte également atteindre une marge d'Ebita ajusté - le résultat opérationnel courant retraité de certains éléments - d'environ 4,6% en 2023-2024, soit 100 points de base de plus qu'en 2018-2019, le dernier exercice à avoir été épargné par la crise sanitaire. Citi souligne que le consensus anticipait jusqu'à présent une marge bien plus faible à cet horizon, de 3,9%, tandis que UBS apprécie ces objectifs, évoquant "une bonne surprise".



Les investisseurs ont salué ces annonces, le titre Elior ayant bondi de plus de 8% à l'ouverture, avant de tempérer leur enthousiasme. En milieu d'après-midi, l'action ne gagnait plus que 1,3%, résistant toutefois à la baisse générale du marché.



Les PME comme nouvelles opportunités



"Les préoccupations actuelles concernant la résurgence des cas de Covid-19 en Europe risquent de détourner l'attention de la mise à jour" des perspectives à moyen terme du groupe "d'autant plus que les objectifs semblent difficiles à atteindre", explique Société Générale. "Le marché aura besoin de preuves, notamment au niveau de la trajectoire de la croissance organique, pour valider réellement les ambitions du groupe à moyen terme", abonde Florent Thy-Tine, analyste au sein de Midcap Partners.



Elior devra surmonter plusieurs défis, en résistant notamment au développement structurel du télétravail. Philippe Guillemot, le directeur général du groupe, a évalué l'impact de ce phénomène à environ 4% des revenus de l'exercice 2018-2019. Le dirigeant a néanmoins cité plusieurs leviers qui doivent permettre de plus que compenser ce manque à gagner. La société entend bénéficier de la hausse de ses taux de captation, c'est-à-dire le pourcentage des salariés déjeunant dans les cantines plutôt qu'à l'extérieur quand ils travaillent en présentiel. Le chiffre d'avant-crise se situait autour de 50% alors que le groupe a actuellement porté ses taux à un ratio "de l'ordre de 60% à 75%", a expliqué Philippe Guillemot, avec de plus "une augmentation du ticket moyen" par convive.



L'entreprise veut en outre élargir la taille de son marché potentiel sur le segment Entreprises, en ciblant des PME en France et Italie. Le groupe estime ces opportunités additionnelles à 1,8 milliard d'euros au total.



Elior devra aussi davantage fidéliser ses clients. A 91,4% à fin septembre le taux de rétention "reste faible", pointe Bernstein, même si la pandémie a joué en défaveur du groupe sur cet indicateur. En comparaison, le britannique Compass et le français Sodexo affichent des ratios de respectivement 95,4% et 93,1%. Elior compte faire remonter ce taux à environ 95% d'ici à trois ans. Philippe Guillemot a expliqué que le groupe avait mis en oeuvre un plan d'action dédié à cet objectif, avec notamment un système de bonus sur la rémunération des équipes. "Nous avons enrichi notre outil de CRM [gestion de la relation client, NDLR] pour mieux identifier les clients à risque et mieux les accompagner", a aussi indiqué le dirigeant.



Le défi de l'inflation



"L'amélioration du taux de rétention reste un défi pour Elior et il leur faudra démontrer dès l'exercice en cours (2021-2022, NDLR) une importante amélioration", prévient Florent Thy-Tine, de Midcap Partners. "La cible d'un taux de 95% est agressive", juge un autre intermédiaire financier.



Elior s'est fixé un cap prometteur, mais le marché attend donc des signes tangibles d'amélioration de son activité. Ce qui réclamera de la patience. L'exercice 2021-2022 risque d'être pénalisé par de nouvelles restrictions sanitaires, même si les marchés européens d'Elior, soit la France, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, font partie des pays les mieux vaccinés du Vieux Continent.



Par ailleurs, sur environ 92% de ses contrats, le groupe devra négocier avec ses clients pour répercuter l'inflation actuelle des coûts alimentaires et de main d'oeuvre. Ces discussions porteront surtout leurs fruits au second semestre de l'exercice en cours, ce qui signifie que les marges des six premiers mois devraient être plus modestes. "La capacité du groupe à répercuter l'inflation sera déterminante au cours des prochains trimestres", remarque Florent Thy-Tine.



Elior devra bel et bien respecter ses ambitieux engagements pour convaincre les plus perplexes des investisseurs.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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November 24, 2021 09:30 ET (14:30 GMT)




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