L'action Getlink risque une traversée mouvementée en cas de "hard Brexit" - DJ Plus
November 28 2018 - 8:20AM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--En première ligne au moment où le
Royaume-Uni s'apprête à sortir de l'Union européenne, le 30 mars,
l'opérateur du tunnel sous la Manche a jusqu'ici plutôt bien
résisté aux incertitudes sur les relations commerciales entre les
deux partenaires. Le titre s'est apprécié de 7% depuis le début de
l'année, contre une baisse de 6,4% pour le SBF 120, effaçant les
pertes subies après le referendum britannique.
Mais à l'approche de la date butoir, les investisseurs pourraient
se montrer plus nerveux. Le vote du Parlement britannique sur
l'accord de divorce négocié par Theresa May, prévu le 11 décembre,
pourrait constituer la pierre d'achoppement. Un rejet du texte par
les députés condamnerait le pays à un 'hard Brexit', c'est-à-dire à
une sortie dès le 30 mars de l'union douanière là où l'accord
prévoit une période de transition jusqu'en 2020.
Le renforcement des contrôles douaniers sur les camions et les
trains de marchandises dès le 1er avril 2019 constituerait un enjeu
logistique de taille pour Getlink. Les flux entre l'Union
européenne et le Royaume-Uni sont tels que tout retard dans le
départ des navettes peut entraîner des bouchons sur plusieurs
dizaines de kilomètres. "Nous nous y préparons depuis deux ans avec
les douanes et autorités. L'objectif est de continuer à garantir un
trafic sans friction", affirme Anne-Laure Descleves, directrice de
la communication de Getlink. Le groupe met en avant ses
investissements dans de nouveaux outils technologiques, comme des
scanners à trains, afin d'éviter des fouilles fastidieuses.
L'acquittement des droits de douane devrait quant à lui pouvoir se
faire en amont. Mais le Brexit impliquera quoiqu'il en soit un
alourdissement des procédures pour les transporteurs, et une
augmentation de leurs coûts.
La chute de la livre est positive pour la dette
Getlink est surtout confronté aux risques macroéconomiques du
Brexit. Selon le Fonds monétaire international, le divorce coûtera
entre 2 et 4 points de croissance à long terme au Royaume-Uni, et
entre 0,8 et 1,5 point de croissance dans l'Union européenne. "En
dépit des nombreuses lettres, conférences téléphoniques et tribunes
rassurantes dans la presse, la pilule d'un Brexit qui serait
indolore pour Getlink est difficile à avaler", soulignent les
analystes d'AlphaValue. "Tout ralentissement de la croissance
britannique aura un double effet sur le titre via la dévaluation de
la livre sterling et la baisse du trafic", ajoutent-ils. Un repli
de 10% de la devise britannique se traduit par une perte de 4% sur
le chiffre d'affaires et de 13% sur le bénéfice net avant impôts,
calcule l'intermédiaire. En revanche la dépréciation de la livre a
un impact positif sur la dette du groupe, libellée pour moitié dans
la devise britannique.
En dépit de ces incertitudes, Getlink se veut optimiste. Le groupe
vise une hausse de près de 40% de son Ebitda (excédent brut
d'exploitation) entre 2017 et 2022, soutenue par l'ouverture de
nouvelles lignes Eurostar comme le Londres-Amsterdam ou le
Bordeaux-Londres, et par de nouveaux gains de parts de marché sur
le transport de marchandises. Il doit également mettre en service,
en 2020, deux câbles électriques qui permettront d'augmenter de 50%
la capacité de transport d'électricité entre la France et la
Grande-Bretagne, avec à la clé des revenus réguliers, a priori
déconnectés des flux commerciaux.
Pour les analystes de Morgan Stanley, cette ligne électrique
pourrait ajouter 100 millions d'euros d'Ebitda par an à compter de
2020 et permettrait au groupe d'atteindre son objectif de moyen
terme en dépit d'un trafic de camions qui pourrait stagner. "Le
Brexit jette une ombre sur 2019", ajoutent-ils.
Si Getlink a jusqu'ici bien résisté aux préparatifs de la sortie
britannique, les conséquences les plus douloureuses du Brexit sont
à venir. A 43 fois les bénéfices attendus pour 2019, le titre n'est
pas spécialement bon marché au sein du secteur des concessions. La
prudence s'impose donc pour les investisseurs, en attendant de
connaître l'ampleur du choc sur le trafic transmanche.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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