Le casse-tête russe de Carlsberg
August 17 2012 - 7:11AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Renee Schultes,
The Wall Street Journal
La gueule de bois de Carlsberg (CABGY, CARL-A.KO) n'en finit pas.
En 2008, le géant de la bière danois a misé sur l'avenir du marché
russe. Il a alors racheté les 50% de son ancien partenaire Scottish
& Newcastle dans Baltika, le plus grand brasseur local. A
l'époque, l'opération a semblé judicieuse, mais le pari a vite mal
tourné. Au vu des résultats semestriels de Carlsberg, publiés cette
semaine, les investisseurs peuvent difficilement espérer une
reprise imminente.
Les problèmes de Carlsberg ont commencé en 2009, quand
l'augmentation des prix alimentaires a compressé les revenus
disponibles avant que les impôts indirects ne soient augmentés en
2010 et 2011, ce qui a fait grimper de 30% les prix de la bière en
Russie. La consommation par habitant a reculé de 15% depuis son pic
de 2007, selon le cabinet spécialisé Canadean.
Certains signes peuvent laisser penser que le marché a touché le
fond: il a progressé de 2% en volume au premier semestre, soutenu
par des hausses salariales et un regain de confiance des
consommateurs. C'est la première fois que le marché russe croît
depuis le premier semestre 2008. Carlsberg commence aussi à
remonter la pente, sa part de marché progressant modestement à
37,3% au deuxième trimestre, contre 37% au premier, selon
Nielsen.
Mais ce répit pourrait être de courte durée. Moscou vient
d'interdire la publicité pour la bière, que ce soit à la
télévision, à la radio, sur Internet ou par affichage. Carlsberg
espère que cela va conforter les marques connues, comme Baltika.
Mais ses concurrents pourraient réagir en menant une politique de
prix plus agressive. D'autant que la fusion des brasseurs Efes et
SABMiller va faire naître un numéro deux imposant, avec 18% du
marché, ce qui risque d'attiser encore la concurrence.
Pendant ce temps, les déboires de Carlsberg continuent.
L'amélioration du marché russe au premier semestre a été
contrebalancée par une baisse de 5% sur ses principaux marchés
d'Europe de l'Ouest et du Nord, en raison d'un été froid qui a pesé
sur la demande. Ce qui explique pourquoi Carlsberg n'anticipe
qu'une légère croissance de ses résultats en 2012.
L'action Carlsberg semble bon marché. Le titre se négocie 11,8 fois
les bénéfices prévus en 2013 d'après les estimations du consensus,
bien en deçà du niveau de son frère ennemi Heineken, qui s'échange
13,7 fois les bénéfices anticipés. L'action du brasseur danois est
ainsi la moins valorisée parmi les valeurs du secteur européen de
la consommation.
Mais tant qu'il n'y aura pas de signes plus tangibles d'un retour à
meilleure fortune en Russie, la situation de Carlsberg va
probablement perdurer.
- Renee Schultes , The Wall Street Journal
(Version française Marc Daniel)
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