Le secteur de l'immobilier pénalisé par le tourbillon des réformes
July 03 2012 - 5:10AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Quelques mois à peine après son adoption, la loi permettant de
majorer les surfaces constructibles vit probablement ses derniers
jours. Sa disparition ne secouera toutefois pas le secteur
immobilier, déjà mal en point sous l'effet d'une conjoncture atone
et des mesures de rigueur passées.
Le président sortant Nicolas Sarkozy a fait voter une loi, en mars,
qui permet pendant trois ans d'augmenter de 30% les droits à
construire des habitations sur une même surface, avec l'ambition
affichée de favoriser la construction de 20.000 à 40.000 logements
neufs supplémentaires par an, tout en faisant pression sur les
prix.
La nouvelle majorité socialiste entend faire marche arrière et
abroger cette disposition, probablement lors de la session
parlementaire extraordinaire de juillet.
La portée réelle de la mesure est toutefois difficile à évaluer
avec précision. Décriée pour son inefficacité par de nombreux
professionnels de l'immobilier, elle est peu susceptible de
soutenir durablement le secteur de la construction et de compenser
réellement le durcissement de la conjoncture en Europe.
En 2012, la faiblesse de la croissance, la contraction du crédit et
la baisse des investissements des collectivités locales devraient
faire perdre 35.000 emplois au secteur du bâtiment en France, et
son activité est attendue en repli de 1,9%, selon la Fédération
française du bâtiment (FFB).
La loi sur la majoration des droits à construire risque surtout de
se révéler contre-productive. Faisant fi du manque de terrains
constructibles disponibles, elle pourrait alimenter la hausse des
prix du foncier et, par ricochet, celui des logements qui y sont
construits. Aggravant de ce fait la crise du logement en France,
plutôt que de la résoudre.
Sans mentionner la prévisible réticence des élus locaux, peu
désireux de voir les bâtiments prendre de la hauteur dans leurs
communes.
Le dispositif présente toutefois l'avantage de ne rien coûter aux
caisses de l'Etat, ce qui n'est pas négligeable à l'heure où
l'austérité apparaît comme un choix politique incontournable pour
les gouvernements européens. Dans ce contexte, le lancement de
grands programmes de dépenses publiques par le nouvel hôte de
l'Elysée, le socialiste François Hollande, semble improbable.
Au contraire même. Le dispositif Scellier d'incitation à
l'investissement locatif pourrait être supprimé avant son terme,
normalement programmé au 31 décembre 2012. Or, le rabotage de cet
avantage fiscal a déjà provoqué un effondrement des ventes de
logements neufs en France: elles ont chuté de 25% au premier
trimestre, par rapport à la même période en 2011, pénalisées
surtout par le repli des ventes aux investisseurs.
Pour remédier à cette situation, la FFB plaide pour la mise en
oeuvre urgente des mesures de soutien promises durant la campagne
électorale, telles que la cession à titre gratuit de terrains de
l'Etat aux collectivités locales pour y construire des logements ou
la rénovation thermique de 600.000 habitations par an.
A défaut, prévient l'organisation, la tendance actuelle à la baisse
de poursuivra et seuls 300.000 logements seront mis en chantier en
2013, un des plus bas niveaux de ces 20 dernières années, loin des
500.000 habitations nouvelles par an souhaitées par François
Hollande.
La FFB risque fort de rester sur sa faim. En rencontrant les
professionnels de l'immobilier récemment, la ministre du Logement,
Cécile Duflot, a indiqué qu'elle souhaitait définir une politique
globale du logement sur la durée du quinquennat à travers une
loi-cadre programmée pour 2013 seulement. Elle a dit aussi
réfléchir à un nouveau dispositif d'incitation à l'investissement
locatif.
Une initiative qui risque d'arriver trop tard, alors que même des
mesures de soutien prises immédiatement ne se traduiront en
chantiers effectifs qu'à la fin 2013 aux mieux, préviennent les
professionnels.
-Martine Pauwels, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 69;
martine.pauwels@dowjones.com
Icade (EU:ICAD)
Historical Stock Chart
From Oct 2024 to Nov 2024
Icade (EU:ICAD)
Historical Stock Chart
From Nov 2023 to Nov 2024