Qu'elles agissent à marche forcée ou par conviction, les entreprises de la Bourse de Paris ont tout intérêt à ouvrir leurs instances dirigeantes aux femmes.



La loi Zimmermann-Copé du 27 janvier 2011, qui fixe l'objectif, d'ici à 2017, d'une proportion de 40% de femmes dans les conseils d'administration ou de surveillance des sociétés cotées, prévoit des sanctions drastiques pour celles qui enfreignent la règle. Outre l'annulation des nominations allant à l'encontre de la "représentation équilibrée des femmes et des hommes", une suspension pure et simple de la rémunération des membres du conseil est prévue jusqu'à régularisation de la situation.



D'un point de vue financier, la pertinence d'une plus grande mixité est mise en lumière par une étude publiée ce mois-ci par Credit Suisse. Selon la banque, les entreprises comptant au moins une femme au sein de leur conseil ont affiché des performances financières supérieures à celles où les conseils ne comptent que des hommes pendant la crise. Pendant les années prospères ayant précédé la crise, les performances étaient équivalentes.



Credit Suisse met notamment en évidence un meilleur rendement des fonds propres, à 16% contre 12% sur les six dernières années, un ratio d'endettement sur capitaux propres moins important (48% contre 50%) et une croissance des résultats de 14% contre 10% pour les entreprises à administration mixte par rapport à celles administrées exclusivement par des hommes.



Au-delà des chiffres, Colette Lewiner, première femme nommée à une direction d'EDF (EDF.FR) à la fin des années 1980 et actuellement administratrice de Bouygues (EN.FR), Colas (RE.FR), Lafarge (LG.FR), Nexans (NEX.FR) et Eurotunnel (GET.FR) souligne qu'en recrutant des femmes pour leurs conseils, les entreprises se donnent accès à un nouveau pool de compétences. Les femmes sont selon elle "plus attentives aux questions 'soft' telles que la communication ou les ressources humaines" et apportent un point de vue différent "qui ne peut qu'éclairer le dirigeant".



A cinq ans de la date fatidique, l'objectif des 40% est loin d'être atteint, même si les progrès sont notables.



Selon une étude de l'observatoire Ethics And Boards, la proportion de femmes dans les conseils des sociétés cotées au SBF 120 était de 21,5% au 30 juin, contre 17,4% en octobre 2011, et 71 sociétés avaient atteint l'objectif intermédiaire de 20% de femmes à cette date.



"Les conseils cherchent des femmes", notamment quand le mandat de l'un des membres prend fin, assure Colette Lewiner, qui relève que la loi Zimmermann-Copé explique en grande partie ce mouvement.



A la course à la féminisation, c'est Publicis (PUB.FR) qui se détache, en étant l'unique entreprise du SBF 120 à compter exactement autant d'administrateurs que d'administratrices. Deuxièmes ex-aequo, Alten (ATE.FR) et Icade (ICAD.FR) sont les seules à atteindre aujourd'hui la barre des 40%.



En queue de peloton, EADS (EAD.FR), Derichebourg (DBG.FR) et Ubisoft (UBI.FR) n'accueillaient au 30 juin aucune femme à leur conseil, toujours selon Ethics And Boards, même si les choses évoluent: Ubisoft va proposer le 24 septembre la nomination d'Estelle Métayer à son conseil d'administration.



La prochaine étape? Selon Colette Lewiner, l'ouverture à l'international et à toutes les formes de diversité, comme le font déjà les Etats-Unis.



-Marion Issard, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 75; marion.issard@dowjones.com

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