Le SBF 120 gagnerait à apprendre le féminin "d'administrateur"
August 24 2012 - 6:06AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Qu'elles agissent à marche forcée ou par conviction, les
entreprises de la Bourse de Paris ont tout intérêt à ouvrir leurs
instances dirigeantes aux femmes.
La loi Zimmermann-Copé du 27 janvier 2011, qui fixe l'objectif,
d'ici à 2017, d'une proportion de 40% de femmes dans les conseils
d'administration ou de surveillance des sociétés cotées, prévoit
des sanctions drastiques pour celles qui enfreignent la règle.
Outre l'annulation des nominations allant à l'encontre de la
"représentation équilibrée des femmes et des hommes", une
suspension pure et simple de la rémunération des membres du conseil
est prévue jusqu'à régularisation de la situation.
D'un point de vue financier, la pertinence d'une plus grande mixité
est mise en lumière par une étude publiée ce mois-ci par Credit
Suisse. Selon la banque, les entreprises comptant au moins une
femme au sein de leur conseil ont affiché des performances
financières supérieures à celles où les conseils ne comptent que
des hommes pendant la crise. Pendant les années prospères ayant
précédé la crise, les performances étaient équivalentes.
Credit Suisse met notamment en évidence un meilleur rendement des
fonds propres, à 16% contre 12% sur les six dernières années, un
ratio d'endettement sur capitaux propres moins important (48%
contre 50%) et une croissance des résultats de 14% contre 10% pour
les entreprises à administration mixte par rapport à celles
administrées exclusivement par des hommes.
Au-delà des chiffres, Colette Lewiner, première femme nommée à une
direction d'EDF (EDF.FR) à la fin des années 1980 et actuellement
administratrice de Bouygues (EN.FR), Colas (RE.FR), Lafarge
(LG.FR), Nexans (NEX.FR) et Eurotunnel (GET.FR) souligne qu'en
recrutant des femmes pour leurs conseils, les entreprises se
donnent accès à un nouveau pool de compétences. Les femmes sont
selon elle "plus attentives aux questions 'soft' telles que la
communication ou les ressources humaines" et apportent un point de
vue différent "qui ne peut qu'éclairer le dirigeant".
A cinq ans de la date fatidique, l'objectif des 40% est loin d'être
atteint, même si les progrès sont notables.
Selon une étude de l'observatoire Ethics And Boards, la proportion
de femmes dans les conseils des sociétés cotées au SBF 120 était de
21,5% au 30 juin, contre 17,4% en octobre 2011, et 71 sociétés
avaient atteint l'objectif intermédiaire de 20% de femmes à cette
date.
"Les conseils cherchent des femmes", notamment quand le mandat de
l'un des membres prend fin, assure Colette Lewiner, qui relève que
la loi Zimmermann-Copé explique en grande partie ce mouvement.
A la course à la féminisation, c'est Publicis (PUB.FR) qui se
détache, en étant l'unique entreprise du SBF 120 à compter
exactement autant d'administrateurs que d'administratrices.
Deuxièmes ex-aequo, Alten (ATE.FR) et Icade (ICAD.FR) sont les
seules à atteindre aujourd'hui la barre des 40%.
En queue de peloton, EADS (EAD.FR), Derichebourg (DBG.FR) et
Ubisoft (UBI.FR) n'accueillaient au 30 juin aucune femme à leur
conseil, toujours selon Ethics And Boards, même si les choses
évoluent: Ubisoft va proposer le 24 septembre la nomination
d'Estelle Métayer à son conseil d'administration.
La prochaine étape? Selon Colette Lewiner, l'ouverture à
l'international et à toutes les formes de diversité, comme le font
déjà les Etats-Unis.
-Marion Issard, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 75;
marion.issard@dowjones.com
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