Une "belle acquisition" permettrait à Ipsen de corriger son repli boursier - DJ Plus
December 19 2018 - 8:21AM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Depuis ses sommets historiques à plus de
150 euros de fin août dernier, l'action Ipsen a perdu 26%, soit
près du double du SBF 120, son indice de référence. Les
investisseurs apprécient généralement le profil défensif du secteur
de la santé dans un contexte de montée des risques. Mais le marché
difficile des mois de septembre et octobre a encouragé des prises
de bénéfices assez légitimes sur un titre qui avait très bien
performé jusqu'alors, avec un bond de plus de 50% depuis le début
janvier. Un phénomène de correction amplifié par le fait qu'Ipsen
est une valeur largement détenue au sein des gestions, qu'elle soit
ou non spécialisées dans la santé.
Pour autant, le parcours d'Ipsen sur plus longue période reste plus
qu'enviable. Sa progression s'inscrit à 13,5% depuis le début de
l'année, à 65% sur deux ans, à 240% sur cinq ans... Non sans
raison. "Ipsen présente un profil de croissance qui est à peu près
deux fois supérieur à celui du reste de l'industrie pharmaceutique
européenne, que ce soit au niveau du chiffre d'affaires que du
bénéfice", souligne Delphine Le Louêt, analyste Santé et
Biotechnologie à la Société Générale.
La Somatuline, un produit phare
Depuis plusieurs années, la croissance d'Ipsen est particulièrement
tirée par la Somatuline, le plus important produit du groupe. Lancé
en 2014 aux Etats-Unis, ce traitement des tumeurs neuroendocrines
est le fer de lance de la division Oncologie du laboratoire, qui
s'est depuis étoffée. Les acquisitions des anti-cancéreux
Cabometyx, et Onyvide ont enrichi le portefeuille en mars 2016 et
janvier 2017. "Ces deux produits ont contribué à transformer
l'entreprise en renforçant sa présence aux Etats-Unis et en la
faisant devenir un véritable acteur dans le domaine de la
cancérologie", souligne Aymeric Le Chatelier, le directeur
financier d'Ipsen.
Les ventes de Somatuline ont grimpé de 26,1% à 619,5 millions
d'euros sur les neuf premiers mois 2018, avec un bond de 39,4% en
Amérique du Nord. Tandis que Somatuline se rapproche du statut de
"blockbuster" - c'est-à-dire qu'il pourrait rapidement générer plus
de 1 milliard de dollars de vente - Cabometyx, et Onyvide
connaissent des taux de croissance à trois chiffres.
D'abord commercialisé pour le traitement du cancer du rein,
Cabometyx voit d'ailleurs son champ d'application s'élargir. Ipsen
a obtenu à la mi-novembre l'approbation européenne pour le
traitement du cancer du foie chez les patients déjà traités
antérieurement par sorafénib, le traitement de référence. Le
produit est également en phase de développement dans les tumeurs
solides en combinaison avec l'anticancéreux Tecentriq de Roche.
"Cabometyx est un pipeline à lui tout seul", résume le courtier
Oddo BHF.
Alors que le produit devait générer entre 140 et 150 millions
d'euros de ventes en 2018 selon les analystes, "avec cette nouvelle
indication, le potentiel de vente de Cabometyx se renforce, nous
anticipons des ventes additionnelles pouvant atteindre 100 millions
d'euros environ", estime de son côté Pierre Vaurice, chez Midcap
Partners.
Plus d'1 milliard d'euros à disposition pour des acquisitions
La croissance externe est inhérente à la stratégie d'Ipsen. "C'est
indispensable. Ipsen n'a pas vocation à faire de la recherche
'early stage', mais plutôt à acquérir des molécules dont le
développement a été mené à bien, au moins en partie", explique
Delphine Le Louët chez Société Générale. "L'idée est d'acquérir ou
de nouer des partenariats avec des biotechs au stade du
développement clinique chez l'homme", confirme Aymeric Le
Chatelier. Et pour ce faire, le laboratoire possède d'importants
moyens financiers : environ un milliard d'euros soit à peu près
deux fois l'EBITDA (excédent brut d'exploitation). Et bientôt
davantage, sachant que le groupe devrait générer plus de 300
millions d'euros de trésorerie cette année.
Les actifs ciblés s'inscrivent dans la stratégie de développement
du groupe dans ses trois aires thérapeutiques prioritaires :
l'oncologie, les neurosciences et les maladies rares. Le
laboratoire a pris l'habitude de chercher des niches de marché où
les "big pharmas" ne sont pas positionnées, "comme avec Somatuline,
avec deux acteurs qui se partagent un marché d'un peu plus de 2
milliards d'euros", rappelle Pierre Vaurice de Midcap Partners.
L'objectif est d'ailleurs de préparer l'expiration à la fin 2021 du
brevet de la Somatuline dans les tumeurs neuroendocrines aux
Etats-Unis, même si la menace d'un générique est à relativiser dans
la mesure où le processus de production du médicament est complexe
et coûteux. Aucun biosimilaire du principal concurrent de la
Somatuline, la Sandostatine de Novartis, n'est ainsi arrivé sur le
marché deux ans pratiquement après l'expiration de ses brevets.
La récente baisse de valorisation des biotechs a rendu leurs
niveaux de transaction plus attractifs. Alors que l'objectif de
cours moyen des analystes se situe à 145 euros - pour un titre
évoluant à 113,05 euros mercredi - Ipsen ne manquerait pas de
réanimer son parcours boursier en réalisant une ou plusieurs
"belles acquisitions".
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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December 19, 2018 08:01 ET (13:01 GMT)
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