François Berthon,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--La stratégie menée par Ipsen pour contrer la menace générique qui pèse sur son médicament phare est-elle suffisamment lisible ou comprise ? Après une fin d'année boursière 2021 compliquée, le laboratoire pharmaceutique peine à remonter la pente. Autour de 83,5 euros mercredi, le titre s'inscrit en recul d'environ 10% par rapport à la mi-décembre, après avoir récemment touché des plus bas depuis avril dernier. Comme si les investisseurs avaient oublié les deux relèvements d'objectifs de résultats 2021 intervenus durant l'année écoulée.



La soutenabilité du rythme de croissance du laboratoire contrôlé par la famille Beaufour suscite des inquiétudes légitimes. Somatuline, son produit "blockbuster", qui génère à lui seul près de 45% du chiffre d'affaires du groupe, fait face à un environnement concurrentiel qui se durcit. Le risque générique qui entoure ce traitement de l'acromégalie - un trouble hormonal - et de certaines tumeurs de l'intestin et du pancréas, appelées tumeurs neuroendocrines, n'est pas nouveau mais il se précise.



Somatuline déjà en danger aux USA



La Food and drug administration (FDA) américaine a approuvé le mois dernier la commercialisation aux Etats-Unis d'un équivalent fabriqué par le laboratoire pharmaceutique indien Cipla. Cette nouvelle concurrence s'ajoute au premier générique lancé en 2021, en Allemagne, par le groupe pharmaceutique Advanz. L'impact négatif s'est avéré pour l'instant limité sur les ventes de Somatuline outre-Rhin. Mais le tassement s'annonce plus rapide aux Etats-Unis. Son brevet à peine expiré, Somatuline pourrait y voir ses ventes reculer de 15% cette année avec l'arrivée du générique de Cipla, estime la banque américaine JP Morgan.



La situation ne prend toutefois ni le groupe ni les investisseurs au dépourvu. Le défi générique de Somatuline était l'une des priorités de la vision stratégique présentée il y a un peu plus d'un an par le directeur général, David Loew. Ipsen dispose d'une force de frappe financière de 3 milliards d'euros pour y palier, lui permettant d'étoffer son pipeline par croissance externe sur des segments de marché que la société a clairement définis : l'oncologie, les maladies rares et les neurosciences.



Le choix de la dernière cible ne fait cependant pas l'unanimité. La signature annoncée le mois dernier d'un accord de licence pour un médicament développé par la société de biotechnologie Genfit, avec prise de participation au capital à la clé, a accentué la chute d'Ipsen en Bourse. La réaction peut s'expliquer selon Oddo BHF "par l'image [négative] de Genfit". Les investisseurs se souviennent de l'important échec subi en 2020 par la biotech, lié à l'inefficacité de son produit Elafibranor développé pour soigner la stéatohépatite non alcoolique (NASH) ou maladie chronique dite du "foie gras".



Or, l'accord de licence conclu avec Ipsen porte sur le même produit, mais utilisé cette fois comme traitement d'une autre maladie du foie, la cholangite biliaire primitive (CBP). D'où la méfiance du marché.



Genfit, une opération mineure



"Elafibranor s'aligne parfaitement avec notre objectif d'élargir le champ d'action d'Ipsen dans le domaine des maladies rares", a souligné David Loew en présentant l'opération. Revers de la médaille, "acquérir un produit en phase clinique avancée dans une maladie rare sans aucune relation avec le reste du portefeuille peut ne pas sembler le plus pertinent", pointe un analyste. "Le défi posé à Ipsen est de réorienter la force de vente dédiée à la Somatuline vers d'autres traitements", souligne-t-il. En ce sens, l'acquisition d'un produit en dernière phase d'étude clinique en cancérologie ou en endocrinologie serait mieux comprise.



Un argument en faveur de l'accord est néanmoins son faible coût. "La stratégie M&A visée par Ipsen était d'identifier des actifs de biotechnologie sous-valorisés. De fait, le rapprochement avec Genfit répond pleinement à l'objectif", juge Invest Securities. Les 150 millions d'euros immédiatement versés à Genfit semblent finalement mineurs au regard de l'enveloppe de 3 milliards d'euros dont le groupe dispose. Le marché devrait ainsi rapidement se focaliser sur les prochains mouvements.



En attendant, Ipsen "est fondamentalement sous-évalué" en Bourse, remarque Société Générale. A tout le moins, cette sous-valorisation devrait limiter le potentiel de repli du titre, alors que, pour la plupart, les analyste du consensus Factset sont réticents à valoriser le titre en dessous de son cours actuel.



-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 41 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



January 12, 2022 03:08 ET (08:08 GMT)




Copyright (c) 2022 L'AGEFI SA
Ipsen (EU:IPN)
Historical Stock Chart
From Jun 2024 to Jul 2024 Click Here for more Ipsen Charts.
Ipsen (EU:IPN)
Historical Stock Chart
From Jul 2023 to Jul 2024 Click Here for more Ipsen Charts.