En 2022, Ipsen devra déployer une politique de M&A pertinente pour convaincre -DJ Plus
January 12 2022 - 3:28AM
Bourse Web Dow Jones (French)
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--La stratégie menée par Ipsen pour contrer
la menace générique qui pèse sur son médicament phare est-elle
suffisamment lisible ou comprise ? Après une fin d'année boursière
2021 compliquée, le laboratoire pharmaceutique peine à remonter la
pente. Autour de 83,5 euros mercredi, le titre s'inscrit en recul
d'environ 10% par rapport à la mi-décembre, après avoir récemment
touché des plus bas depuis avril dernier. Comme si les
investisseurs avaient oublié les deux relèvements d'objectifs de
résultats 2021 intervenus durant l'année écoulée.
La soutenabilité du rythme de croissance du laboratoire contrôlé
par la famille Beaufour suscite des inquiétudes légitimes.
Somatuline, son produit "blockbuster", qui génère à lui seul près
de 45% du chiffre d'affaires du groupe, fait face à un
environnement concurrentiel qui se durcit. Le risque générique qui
entoure ce traitement de l'acromégalie - un trouble hormonal - et
de certaines tumeurs de l'intestin et du pancréas, appelées tumeurs
neuroendocrines, n'est pas nouveau mais il se précise.
Somatuline déjà en danger aux USA
La Food and drug administration (FDA) américaine a approuvé le mois
dernier la commercialisation aux Etats-Unis d'un équivalent
fabriqué par le laboratoire pharmaceutique indien Cipla. Cette
nouvelle concurrence s'ajoute au premier générique lancé en 2021,
en Allemagne, par le groupe pharmaceutique Advanz. L'impact négatif
s'est avéré pour l'instant limité sur les ventes de Somatuline
outre-Rhin. Mais le tassement s'annonce plus rapide aux Etats-Unis.
Son brevet à peine expiré, Somatuline pourrait y voir ses ventes
reculer de 15% cette année avec l'arrivée du générique de Cipla,
estime la banque américaine JP Morgan.
La situation ne prend toutefois ni le groupe ni les investisseurs
au dépourvu. Le défi générique de Somatuline était l'une des
priorités de la vision stratégique présentée il y a un peu plus
d'un an par le directeur général, David Loew. Ipsen dispose d'une
force de frappe financière de 3 milliards d'euros pour y palier,
lui permettant d'étoffer son pipeline par croissance externe sur
des segments de marché que la société a clairement définis :
l'oncologie, les maladies rares et les neurosciences.
Le choix de la dernière cible ne fait cependant pas l'unanimité. La
signature annoncée le mois dernier d'un accord de licence pour un
médicament développé par la société de biotechnologie Genfit, avec
prise de participation au capital à la clé, a accentué la chute
d'Ipsen en Bourse. La réaction peut s'expliquer selon Oddo BHF "par
l'image [négative] de Genfit". Les investisseurs se souviennent de
l'important échec subi en 2020 par la biotech, lié à l'inefficacité
de son produit Elafibranor développé pour soigner la stéatohépatite
non alcoolique (NASH) ou maladie chronique dite du "foie gras".
Or, l'accord de licence conclu avec Ipsen porte sur le même
produit, mais utilisé cette fois comme traitement d'une autre
maladie du foie, la cholangite biliaire primitive (CBP). D'où la
méfiance du marché.
Genfit, une opération mineure
"Elafibranor s'aligne parfaitement avec notre objectif d'élargir le
champ d'action d'Ipsen dans le domaine des maladies rares", a
souligné David Loew en présentant l'opération. Revers de la
médaille, "acquérir un produit en phase clinique avancée dans une
maladie rare sans aucune relation avec le reste du portefeuille
peut ne pas sembler le plus pertinent", pointe un analyste. "Le
défi posé à Ipsen est de réorienter la force de vente dédiée à la
Somatuline vers d'autres traitements", souligne-t-il. En ce sens,
l'acquisition d'un produit en dernière phase d'étude clinique en
cancérologie ou en endocrinologie serait mieux comprise.
Un argument en faveur de l'accord est néanmoins son faible coût.
"La stratégie M&A visée par Ipsen était d'identifier des actifs
de biotechnologie sous-valorisés. De fait, le rapprochement avec
Genfit répond pleinement à l'objectif", juge Invest Securities. Les
150 millions d'euros immédiatement versés à Genfit semblent
finalement mineurs au regard de l'enveloppe de 3 milliards d'euros
dont le groupe dispose. Le marché devrait ainsi rapidement se
focaliser sur les prochains mouvements.
En attendant, Ipsen "est fondamentalement sous-évalué" en Bourse,
remarque Société Générale. A tout le moins, cette sous-valorisation
devrait limiter le potentiel de repli du titre, alors que, pour la
plupart, les analyste du consensus Factset sont réticents à
valoriser le titre en dessous de son cours actuel.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 41 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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