ENTRETIEN: "Le stockage donne beaucoup de valeur aux contrats de Neoen" - PDG
March 27 2023 - 9:22AM
Bourse Web Dow Jones (French)
PARIS (Agefi-Dow Jones)-- Le producteur d'énergies renouvelables
Neoen a annoncé lundi le succès de son augmentation de capital de
750 millions d'euros lancée au début du mois. L'opération doit
permettre au groupe d'atteindre son objectif de 10 gigawatts (GW)
de capacité en opération ou en construction à la fin 2025 et
d'accélérer son développement dans le stockage. Dans un entretien
accordé à l'agence Agefi-Dow Jones, son président-directeur
général, Xavier Barbaro, détaille ces objectifs et explique comment
le groupe fait face à l'inflation et à la hausse du coût des
matières premières.
Agefi-Dow Jones : Etes-vous satisfait du déroulement de votre
augmentation de capital malgré les turbulences actuelles sur les
marchés ?
Xavier Barbaro : Nous sommes très heureux du soutien de nos trois
actionnaires historiques - Impala, Bpifrance et le Fonds
stratégique de participation (FSP) - et de la participation massive
d'autres investisseurs déjà présents au capital comme de nouveaux
investisseurs français et étrangers. C'est une marque de confiance
dans notre stratégie, de la part d'investisseurs de long terme,
dans un contexte très porteur pour les énergies renouvelables.
Agefi-Dow Jones : Le titre n'a pas effacé sa chute de 14% le 1(er)
mars, juste avant le lancement de l'augmentation de capital. Les
investisseurs n'ont pas apprécié le relèvement de vos besoins en
fonds propres...
X.B. : Un certain nombre d'annonces faites le 1(er) mars ont été
mal comprises, ou plutôt mal communiquées. Il est vrai que nous
avions, au cours des dernières années, préparé le marché à une
augmentation de capital de 600 millions d'euros. Nous avons décidé
de porter ce montant à 750 millions d'euros afin d'accélérer notre
développement dans le stockage, qui est un marché différenciant et
rémunérateur pour le groupe. On nous a également reproché de ne pas
avoir relevé notre objectif d'excédent brut d'exploitation (Ebitda)
pour 2025 [Neoen a confirmé viser un Ebitda ajusté de plus de 600
millions d'euros en 2025, ndlr]. Mais ces nouveaux investissements
se verront dans l'Ebitda 2026 et 2027. A titre indicatif, nous
estimons que nos premiers 10 GW généreront, une fois pleinement en
opération, un Ebitda ajusté annuel de l'ordre de 750 millions
d'euros, hors contribution des revenus de vente d'électricité en
phase initiale ('early generation') et hors contribution des
cessions éventuelles de centrales.
Agefi-Dow Jones : Expliquez-nous votre stratégie dans le
stockage.
X.B. : Le stockage représente 20% de nos investissements, nous
sommes parmi les acteurs reconnus de ce marché et nous voulons
encore accélérer. Concrètement, nous investissons dans des
batteries qui durent deux fois plus longtemps, qui représentent un
surcoût initial de 60% à 70% mais qui généreront deux fois plus de
revenus en service. Grâce à l'expertise acquise dans les très
grandes batteries par Neoen depuis huit ans, nous pouvons résoudre
le problème d'intermittence des électrons solaires ou éoliens. Cela
donne beaucoup plus de valeur aux contrats de fourniture
d'électricité que nous signons. Nous avons par exemple conclu à
l'automne 2022 un contrat avec BHP en Australie afin d'alimenter en
énergie la mine Olympic Dam en électricité verte de façon continue,
sans aucune interruption. En Finlande, nous permettons à
l'opérateur TVO de sécuriser le démarrage de son EPR d'Olkiluoto 3
grâce à notre batterie d'Yllikkälä Power Reserve qui peut alimenter
le réseau en cas d'interruption inattendue de la production [l'EPR
d'Olkiluoto doit être mis en service commercial mi-avril,
ndlr].
Agefi-Dow Jones : L'Europe manque-t-elle de capacités de stockage
dans le cadre de sa transition énergétique ?
X.B. : Contrairement à l'Australie où le réseau électrique est très
étendu et relativement fragile, avec de vieilles centrales au
charbon qui créent de l'instabilité, la plupart des pays européens
disposent d'un parc de production performant et de capacités
d'ajustement, notamment grâce à l'énergie hydraulique. Pour autant,
nous allons vers un univers électrique plus instable qu'avant et il
y a, en Europe aussi, des besoins de stockage. Neoen est déjà
présent dans le stockage en France, en Suède et en Finlande et va
continuer à s'y développer. Nous espérons également installer des
capacités en Irlande, en Italie et en l'Allemagne.
Agefi-Dow Jones : L'inflation et la hausse des taux d'intérêt
menacent-elles la rentabilité des projets solaires et éoliens ?
X.B. : Nous sommes relativement bien protégés contre l'inflation,
compte tenu de la hausse parallèle des prix de l'électricité. Les
prix dans nos contrats signés en décembre 2022 en France étaient
50% plus élevés que ceux que nous signions un an plus tôt, avec une
demande accrue pour des contrats longs. Cela permet d'absorber les
surcoûts industriels et la hausse des taux d'intérêt. Par ailleurs,
s'agissant des coûts industriels, je pense que l'essentiel de
l'inflation est derrière nous. Nous anticipons une baisse du coût
des panneaux solaires et des batteries, en lien avec la décrue des
matières premières. Dans l'éolien, nous nous attendons plutôt à un
plateau. Nos coûts financiers pourraient encore augmenter mais cela
est bien intégré dans nos modèles. Nous sommes confiants dans le
fait de pouvoir maintenir les taux de rentabilité interne (TRI) de
nos projets.
Agefi-Dow Jones : Regrettez-vous de ne pas être présent aux
Etats-Unis, où les énergies renouvelables semblent promises à un
nouvel essor grâce à l'Inflation Reduction Act (IRA) adopté l'année
dernière ?
X.B. : Nous ne sommes pas présents aux Etats-Unis mais dans de
nombreux pays de l'OCDE, avec une stratégie de diversification
géographique et technologique bien établie. En 2022, nous avons
poursuivi cette expansion dans deux nouveaux pays, le Canada et la
Suède. Nous sommes très disciplinés sur la rentabilité de nos
projets. La rentabilité en France peut être bien plus élevée qu'aux
Etats-Unis. En France, nous avons des contrats longs et une très
bonne exécution de projets. La difficulté se situe plus dans la
phase de développement et d'obtention des permis. Il y a des pays
où c'est l'inverse, où l'on obtient facilement des permis mais où
l'exécution est plus difficile.
Propos recueillis par François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47
92; fschott@agefi.fr ed: VLV
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March 27, 2023 09:02 ET (13:02 GMT)
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