Banques: le coup de pouce des normes comptables
July 29 2009 - 9:56AM
Bourse Web Dow Jones (French)
Michael Rapoport,
DOW JONES NEWSWIRES
Si les résultats des banques américaines s'améliorent, le mérite en
revient partiellement aux régulateurs des normes comptables.
La flexibilité offerte depuis avril par le Comité des normes
comptables et financières, ou FASB, sur les controversées règles de
mise à la valeur de marché du prix des actifs a en effet
considérablement soulagé les banques en matière de charges de
dépréciation.
Wells Fargo et State Street en ont, parmi d'autres, largement
profité au deuxième trimestre 2009. La FASB a allégé les normes sur
la mise à la valeur de marché sous la pression des banques et de
certains membres du Congrès.
Ces modifications ont aidé les banques à éviter une contraction de
leurs bénéfices lorsqu'elles devaient passer des charges de
dépréciation sur les pertes des actifs toxiques qui ne sont pas
temporaires. Désormais elles peuvent faire basculer les charges de
dépréciation sur des titres de créances dans la ligne du bilan
"résultat étendu" aussi longtemps qu'elles les considérent comme
des actifs en souffrance.
Et elles doivent classer ces pertes dans la catégorie des "créances
non liées au crédit" ce qui signifie qu'elles proviennent
d'éléments extérieurs, comme la baisse de la liquidité, plutôt que
de la fragilité intrinsèque de l'investissement. Les bénéfices n'en
sont ainsi pas affectés.
Naturellement, cela donne aux banques un intérêt à classer ces
pertes dans la catégorie des "créances non liées au crédit".
Beaucoup l'ont fait au premier trimestre 2009 - le premier où la
mesure était autorisée - et préservé ainsi des centaines de
millions de dollars de bénéfices.
Jack Ciesielski analyste du service de recherche comptable
Analyst's Accounting Observer, a calculé que sans ces modifications
des normes comptables, les 45 banques qu'il a étudiées auraient
publié un bénéfice inférieur de 42% en moyenne.
Si l'effet n'apparaît pas aussi prononcé au deuxième trimestre,
certaines banques continuent d'en tirer fortement profit.
Wells Fargo avait ainsi 664 millions de dollars de charges de
dépréciation avant impôts à passer au deuxième trimestre qu'elles a
reclassées dans la ligne bilantielle "résultat étendu", contre 344
millions de dollars au premier trimestre.
Si la banque avait inclu ces charges dans le compte de résultat
classique, le groupe aurait publié un résultat après impôts
inférieur de 14,1%. Le cas est identique pour State Street, qui
aurait enregistré des résultats inférieurs de 13,8% en tenant
compte de ces charges de dépréciations.
Ce transfert des charges de dépréciation vers la ligne de "résultat
étendu" a un autre avantage pour les banques: il évite de voir
baisser leurs fonds propres réglementaires. Ainsi certains ratios
clés de solvabilité comme le Tier 1 peuvent bénéficier d'un coup de
pouce.
On peut y voir également un autre bénéfice: les changements de
normes de la FASB peuvent amener les banques à reconnaître plus
facilement les investissements dépréciés dans la mesure où cela
n'affecte pas leurs bénéfices. Sans ces modifications comptables,
les banques pourraient être plus rétives à reconnaitre ces charges
de dépréciation.
-Michael Rapoport, Dow Jones Newswires