MONTRÉAL, le 4 juill. 2024 /CNW/ - Au lendemain de
la journée des déménagements, le Front d'action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU) dresse un bilan alarmant de la
situation du logement au Québec. Selon
la compilation de la Société d'habitation du Québec, 1667
ménages locataires sont actuellement sans logement ou en
recherche et accompagnés par un service d'aide au relogement.
De ce nombre, au moins 379 ménages sont en hébergement
temporaire par une municipalité ou ont rapporté être chez des
proches. Au moins 89 ménages sont sans-logement à Trois-Rivières,
73 à Longueuil, 31 à Drummondville, 39 à Rimouski, 21 à Québec, 22 à Gatineau, 16 à Sherbrooke, 15 à Saguenay, 14 à Granby. À
Montréal, 185 ménages sont actuellement sans logis ou à risque de
l'être dans les prochains jours.
À ce jour, ce sont 9519 ménages locataires du Québec qui
ont dû faire appel au service d'aide d'un office d'habitation, là
où il y en avait un, de crainte de ne pas trouver de logement cette
année. En contexte de pénurie de logements et de hausse fulgurante
des loyers, trouver un logement a été particulièrement compliqué,
particulièrement pour les locataires victimes d'évictions et de
reprises de possession de logement qui sont nombreux parmi les
ménages ayant fait appel aux services d'aide. '
« Les chiffres sont encore plus frappants sachant que
beaucoup moins de locataires ont déménagé », souligne
Véronique Laflamme. En 5 ans, le taux de rotation au Québec est
passé de 18,6 % à 10,4%. Il a diminué encore plus drastiquement
dans certaines municipalités, durement frappées par la pénurie
comme Sherbrooke, Drummondville et Rimouski1.
« La crise s'approfondit dans plusieurs régions. Évictions,
reprises de logement, séparations ou manque de logements
correspondant aux besoins et la capacité de payer : trop de
locataires se retrouvent en situation de précarité », rappelle
Véronique Laflamme. Selon elle, c'est la preuve que des services
d'aide d'urgence complets, adéquats et disponibles à l'année dans
toutes les régions sont plus que jamais nécessaires pour éviter que
des locataires ne grossissent les rangs des personnes en situation
d'itinérance visible ou cachée. « Ne pas trouver un toit qui
réponde à sa capacité de payer, ou, à défaut, consentir à louer un
logement ne correspondant pas à ses besoins, plonge ces locataires
dans une grande insécurité. », déplore Véronique Laflamme.
Même si ces chiffres en disent long sur la profondeur de la
crise du logement, le regroupement rappelle qu'ils ne sont le
reflet que d'une petite partie des conséquences de la crise du
logement. « Il ne faut pas oublier tous ceux et celles qui
n'ont pas contacté de services d'aide, qui ont consenti à des
logements trop chers, trop petits, insalubres ou inadéquats ou qui
sont demeuré•es dans des logements inadéquats de crainte de ne pas
trouver », insiste Véronique Laflamme, la porte-parole du
FRAPRU. Selon le dernier recensement de Statistiques Canada, déjà
en 2021, 130 000 ménages engouffraient la moitié de leur
revenu pour se loger, « il est clair que la crise du logement
ne se vit pas qu'autour du 1er juillet. Elle se vit à
l'année », résume-t-elle. Le FRAPRU constate qu'en l'absence
d'alternatives viables, en plus de l'itinérance visible et
invisible qui augmente partout à la faveur de la crise, un dépit
locatif se répand.
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1 Voir le tableau
distribué
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Des mesures structurantes exigées
Alors que la
crise du logement s'approfondit, le FRAPRU insiste sur l'urgence de
mettre en place des mesures structurantes fortes pour mieux
protéger les locataires des évictions et des hausses abusives de
loyer. Il est aussi primordial d'augmenter le nombre de logements
sociaux et communautaires, seul rempart durable pour un nombre
grandissant de locataires contre l'insécurité résidentielle
généralisée. « L'insuffisance de logements sociaux et
communautaires, sous forme de HLM, de coopératives et d'OSBL
d'habitation et le manque d'alternatives aux rares logements trop
chers contribuent à la crise vécue par les locataires,
particulièrement ceux à faibles et modestes revenus », insiste
Véronique Laflamme.
Dans les circonstances, le FRAPRU juge insuffisants les
8000 logements sociaux et abordables, dont le financement a
été annoncé cette année. Surtout que ces dernières permettent à
peine un rattrapage des budgets insuffisants consentis au
développement de nouveaux logements sociaux depuis l'arrivée du
gouvernement Legault en 2018. Alors que la ministre de l'Habitation
a affirmé à maintes reprises que ces unités étaient presque toutes
réservées, sans qu'il y ait eu d'appels de projets ou de
modifications au Programme abordable Québec depuis juin 2023, le
FRAPRU se questionne sur la manière d'octroyer les fonds
gouvernementaux.
Plus inquiétant encore, un nombre à peu près équivalent de près
de 8000 unités budgétées dans le programme Accès Logis, que la CAQ
avait promis de livrer durant son premier mandat, ne sont toujours
pas construites. L'incertitude demeure sur le nombre qui le sera
réellement. Selon le FRAPRU, il serait inacceptable que des
centaines d'unités pour lesquelles du financement a été prévu, il y
a plusieurs années, soient recyclées dans de nouvelles annonces.
« Il faut tout faire pour que ces projets se réalisent. Ensuite, il
faut, au minimum, que les unités s'ajoutent à celles déjà
annoncées », explique Véronique Laflamme.
Selon le FRAPRU, pour se sortir du cercle vicieux des annonces
budgétaires insuffisantes chaque année, le gouvernement du Québec
doit se doter d'une cible claire d'au moins 10 000 logements
sociaux et communautaires par année, sur 15 ans, afin que la
part occupée par le logement social sur le parc locatif atteigne au
moins 20 %, d'ici 15 ans. Un ou des programmes
entièrement dédiés au logement social sont nécessaires pour
réaliser plus rapidement un nombre suffisant de logements sociaux
pour répondre aux besoins dans les différents milieux. Le FRAPRU
espère notamment la mise sur pied d'un programme de logements
publics de type HLM et d'un programme québécois d'acquisition de
logements locatifs privés pour les soustraire du marché spéculatif.
« Le Programme Habitation Abordable Québec (PHAQ) ne se suffit pas
à lui-même et semble avoir été pensé pour le privé, et non pour
réaliser du logement social. Il n'est en effet pas adapté pour
permettre le développement des projets sans but lucratif portés par
les communautés », martèle Véronique Laflamme.
« Pour éviter que des locataires ne soient déracinés de leurs
quartiers et que chaque 1er juillet ne fragilise davantage les
communautés, pour que les locataires cessent de compromettre leur
bien-être au profit des investisseurs immobiliers, il faut que
l'alternative du logement social se généralise », conclut Véronique
Laflamme.
SOURCE Front d'action populaire en réaménagement urbain
(FRAPRU)