QUÉBEC, le 8 juill. 2024 /CNW/ - La CSN ne
comprend pas l'attitude du ministère des Transports du Québec qui
agit comme s'il voulait que les usines québécoises échappent le
contrat de fabrication du nouveau pont de l'île d'Orléans au profit
de concurrents européens ou chinois, qui sont très actifs dans ce
secteur.
« Ce pont signature devrait être fabriqué au Québec. On
ne peut pas exclure les manufacturiers réputés d'ici en demandant
des modes de fabrication qui n'ont pas fait leurs preuves dans
notre climat hivernal », affirme François Enault,
1er vice-président de la CSN. Le consortium
responsable de la réalisation du pont n'a d'autre choix que de se
conformer aux directives ministérielles restrictives.
« À la veille de la fabrication annoncée du
3e lien et de plusieurs projets de transport en
commun, il est primordial que le gouvernement du Québec envoie le
bon signal et exige la part maximale de contenu canadien dans ses
appels d'offres. Que le gouvernement agisse de façon à donner une
chance réelle à notre industrie. Les Américains et les Européens ne
se gênent pas pour favoriser leur industrie nationale », affirme
Dominic Tourigny, vice-président de
la Fédération de l'industrie manufacturière-CSN. « Un
3e lien européen ou chinois retournerait le fer
dans la plaie », renchérit ce dernier.
Les dés pipés en faveur de l'étranger
Le problème dans les devis du ministère des Transports du Québec
est qu'il exige de faire la soudure des pièces d'acier sur le
chantier du pont plutôt que d'utiliser la méthode, plus habituelle
en Amérique du Nord, de soudage en usine et de boulonnage sur le
site. Le ministère va même jusqu'à dénigrer la méthode
nord-américaine par la voix d'une porte-parole. Cette dernière
méthode a pourtant fait ses preuves et permet d'utiliser le
personnel déjà en place dans les usines plutôt que de tenter de
recruter pour effectuer le travail ailleurs. Le soudage extérieur
sur le chantier rend aussi plus difficile le contrôle de
qualité.
« Nous serions extrêmement fiers de construire le pont de l'île
d'Orléans qui se trouve à 10 km de notre usine. Nous avons
prouvé notre expertise dans la construction par boulonnage du pont
international Gordie-Howe, en Ontario, et des amorces du pont Champlain qui ne nécessitent aucune
réparation », affirme Steve Giroux,
président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Canam
Ponts-CSN. Ce dernier ajoute que le boulonnage ne paraît pas une
fois le pont construit et qu'il serait tout aussi beau et fort
probablement plus durable avec cette méthode. Les autres
constructeurs canadiens sont dans la même situation que Canam car
ils ne peuvent construire les énormes pièces exigées. Ces pièces
nécessitent une expédition par barge, ce qui requiert la
disposition d'un très grand atelier comprenant un immense
monte-charge en bordure d'une voie navigable importante. Ces
derniers éléments ne sont pas nécessaires avec la méthode par
boulonnage.
« Après le fiasco du traversier italien de Matane, du REM de l'Inde à Montréal ou les
travaux de réfection nécessaires sur le tablier central du pont
Champlain pratiquement neuf, il
est temps que Québec comprenne que c'est avantageux de construire
localement. Tant pour des raisons de qualité, de diminution des gaz
à effet de serre liés au transport des matériaux que pour des
raisons de revenus fiscaux rattachés à la fabrication qui, sinon,
fileront à l'étranger. Les pays sans hivers n'ont pas l'expertise
pour notre climat », conclut François Proulx-Duperré,
secrétaire général du Conseil central de
Québec-Chaudière-Appalaches-CSN.
À propos
La CSN est composée de près de 1 600 syndicats et
regroupe quelque 330 000 travailleuses et travailleurs réunis
sur une base sectorielle ou professionnelle dans
huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans
13 conseils centraux, principalement sur le territoire du
Québec.
La Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN) rassemble
plus de 30 000 travailleuses et travailleurs réunis au sein de
320 syndicats, partout au Québec.
Le Conseil central de
Québec-Chaudière-Appalaches-CSN, fondé en 1918, regroupe les
syndicats CSN sur le territoire de la capitale nationale et de la
région de Chaudière-Appalaches. Il représente quelque 240 syndicats
et près de 45 000 membres issus de tous les secteurs
d'activité.
SOURCE CSN